Trouver sa place, une question qu’on se pose naturellement quand la reconversion se fait sentir…
Question dangereuse car elle ne permet pas réellement de faire avancer les choses. Je m’explique : si vous partez du principe que quelque part, il existe un métier fait pour vous, vous risquez de passer du temps à chercher, de ne pas être convaincu à 100% de vos choix, voire de repartir à la case départ. Je synthétise, mais c’est un déroulement probable.
Pourquoi ?
Le métier idéal n’existe pas. Que ce soit pour vous ou pour les autres, chaque travail ses bons et mauvais côtés, ses contraintes et ses avantages. Bien sûr il est infiniment plus facile de vivre en exerçant un métier dont les contraintes sont minimes. Cela est assez rare… par contre, c’est aussi possible et agréable et accessible de choisir un métier en toute conscience, en respectant ses besoins et ses envies, et donc en acceptant les contraintes inhérentes. D’ailleurs, c’est un peu comme en amour : les défauts passent à la trappe quand on aime (et s’ils deviennent trop envahissants, alors il est temps de changer de crémerie, note à moi-même : penser à développer ces points d’analogie entre vision de l’amour et du travail !). Donc si vous aimez suffisamment un métier pour bien vivre les contraintes qu’il suppose, alors vous mettez plus de chances de votre côté de réussir votre reconversion. C’est du bon sens, encore faut-il s’en souvenir quand on a la tête plongée dans les démarches de recherche. Alors un conseil : faites simple, renseignez-vous suffisamment pour pouvoir vous projeter dans un autre travail, et soyez honnête avec vous-même pour savoir si cela vous conviendrait vraiment, malgré ceci ou cela.
Malgré ceci ou cela, vous pourrez apprécier votre nouveau travail si vous ne restez pas dans cette démarche qui consiste à vouloir retrouver une case pour s’y mettre en sécurité après avoir quitté son emploi précédent. Rassurant certes, mais dangereux pour le moral et donc la santé. Je ne crois pas aux déterminismes, mais plutôt aux affinités. S’il y a quelque chose pour laquelle vous êtes faite, alors c’est à vous d’aller vers cela. N’attendez pas de débusquer enfin le métier qui vous conviendrait à 100% pour créer par vous-même les étapes qui vont vous mener vers une vie professionnelle plus épanouissante : sachez ce qui vous plaît, ce qui vous intéresse et intégrez-le le plus possible dans votre vie, que cela vous mène directement vers un métier ou non. On s’imagine toujours qu’il n’y a qu’une seule bonne réponse à la question “qu’est-ce que je vais faire maintenant ?” Pourtant, rien ne se fait de manière si directe et évidente… cela ne veut pas dire pour autant que le chemin sera long et difficile : c’est simplement que vous êtes à même de créer votre place, ce n’est pas le métier en lui-même qui va vous y autoriser. Bien se connaître, utiliser des outils appropriés pour mieux cerner ce qui nous convient, voilà des pistes pour sortir de ce questionnement faussé basé sur la croyance très forte qu’il y a une seule reconversion valable dont il nous faudrait trouver l’emplacement…
Enfin, je vous invite à reconsidérer cette question en vous demandant quelle est votre place actuelle : où êtes-vous placé dans votre vie professionnelle et personnelle ? Avez-vous le sentiment d’avoir choisi une place, ou bien qu’on vous l’a assignée ? Changez-vous de place de temps en temps, et si oui, est-ce de votre propre chef ? Se sentir à sa place, c’est avant tout sentir qu’on exerce au mieux nos talents dans un contexte donné à un moment donné. Et cela peut évoluer, à condition d’être persuadé que nous possédons nos propres clés d’évolution et que les choses nous semblent parfois figées parce que nous avons oublié que nous avions le droit de choisir notre place et d’en changer quand le besoin s’en fait sentir.
Comment on peut réussir à être reconnu et apprécié dans sa différence… quelles adaptations et aides pour être opérationnel dans un cadre de travail conçu pour des personnes à fonctionnement “normal” et majoritaire ?